Si je puis oultre! Le garocharium (vue d'ensemble), sculpture, 2017, intégration des arts à l'architecture, école Marcelle-Gauvreau, Brossard.
Processus créatif
Les visées de nos projets actuels sont de raconter la « petite histoire » des lieux où nous nous investissons et la précarité de leurs imaginaires. Nous y oeuvrons tout en remuant les enjeux d’une folklorisation de la culture populaire dans sa transmission intergénérationnelle. Toutes les facettes de nos travaux sont reliées de près ou de loin à des éléments d’une culture principalement langagière (récits, expressions familières, gestes, objets ou savoir-faire vernaculaires). Ainsi, nous actualisons et mettons en valeur à notre façon la transmission d’un « héritage culturel matériel ou immatériel » qui n’est pourtant pas encore considéré comme tel.
C’est grâce à des expériences créatrices mémorables avec nos grands-parents que nous avons senti l’empressement de promouvoir les échanges transgénérationnels. Nous nous sommes ainsi inventé un processus créatif de ravaudage d’histoires, dans un geste où la figure du raconteur et celle du prestidigitateur se superposent. C’est dans un désir de réenchantement que nous réactualisons des référents culturels à travers des tours de passe-passe sans prétention. À travers le prisme ludique de l’enfance, nos propositions empreintes du domestique, du commun et du quotidien peuvent alors accéder à la stature du légendaire.
Ce qui nous enchante le plus dans ce processus de transmission, c’est la richesse des rencontres, des partages et la transformation des sujets engagés. Voilà la matière première qui siège au coeur de l’oeuvre. L’équilibre fragile suggéré par les formes et les matériaux qui incarnent nos thèmes de prédilection peut témoigner d’une défaillance de leur pérennité dans les bouleversements culturels mondiaux. Nos travaux portent néanmoins un regard sincèrement optimiste sur la vivacité de cette culture locale dans un écosystème global.
Nos projets se matérialisent généralement sous forme de vernacularium. Celui-ci est un assemblage plurisensoriel à échelle humaine, où l’installation, la sculpture, la vidéo, des pièces sonores ou des actions performatives sont prises à témoin dans des échanges dynamiques autour d’un même motif. En d’autres termes, c’est un croisement entre un diorama élargi et une réinterprétation historique (reconstitution historique fictive) dans un enchevêtrement de référents domestiques visuels et formels.
La Famille Plouffe œuvre ensemble depuis l’arrivée de chacun dans la vie de l’autre. Le nom donné à notre « entité » est bien sûr notre véritable nom de famille, mais fait également référence à l'émission phare de radio puis de télé des années 50. Celle-ci est une adaptation de l'univers romanesque de Roger Lemelin avec son livre « Les Plouffe ».