La continuance pleine de couleurs (finalistes)
Proposition finaliste pour l'œuvre d'art public du Lab-école Saguenay dans le cadre de la Politique d'intégration des arts à l'architecture et à l'environnement du Québec.
17 septembre 2021: invitation
2 février 2022: présentation de la maquette
Description tirée d'extraits du texte de présentation:
Inspirations
Nous nous sommes mis à l’ouvrage entre autres grâce à la Société historique du Saguenay où nous avons pu consulter des archives précieuses dans leurs bureaux, dont plusieurs numéros de la revue le Saguenayensia. C’était surtout pour en découvrir un peu plus sur le quartier du Lab-école et son historique, mais une visite du quartier lui-même lors de la rencontre d’information technique à également été fort pertinente. Nous avons d’ailleurs compris que l’église du quartier, qui est maintenant à l’abandon, sera démolie sous peu, si ce n’est déjà fait.
[voir la suite du texte sous les images]
Suite...
D’un autre côté, dans nos recherches artistiques passées, nous nous étions pris d’intérêt pour Arthur Villeneuve, alias le peintre barbier. Dans le cadre du présent projet, nous avons visionné le documentaire de L’ONF Villeneuve, peintre-barbier de Marcel Carrière (1964), consulté trois livres (Une maison pas comme les autres de Micheline Marion, Villeneuve : Un homme et sa maison de Nathalie Boudreault et Micheline Marion ainsi qu’une section de Sur les entiers de l’art insolite : Maisons fantaisistes des créateurs du Québec et d’ailleurs d’Adrien Levasseur), échangé avec Nathalie Boudreault, une spécialiste du peintre, obtenu l’autorisation de La Pulperie de Chicoutimi d’utiliser cinq numérisations de toiles de l’artiste pour nos recherches formelles et chromatiques et finalement interviewé Mme Micheline Villeneuve, fille d’Arthur Villeneuve. C’est d’ailleurs elle qui nous a généreusement prêté le dernier livre nommé ci-haut. L’artiste avait son style bien à lui, entre autres avec ce qu’il nommait la « continuance », comme une trace laissée dans le paysage par des êtres qui ont habité le territoire. S’inspirant de ce qu’il voyait dans ces déplacements en vélo à travers Chicoutimi ou lors de voyage de pêche, il accordait également une grande importance aux cours d’eau dans ses peintures. Mais ce qui l’a distingué par-dessus tout, c’est l’utilisation de la quasi-totalité de sa maison comme toile.
Avec toutes ces sources d’inspiration, il en est une autre, anecdotique celle-ci, qui nous a lancé dans ce projet. À la maison nous nous amusions avec un cristal et le Soleil pour en disperser sa lumière. Puis une question simple ; quelle en serait sa forme sculpturale ? Il n’en fallait pas plus pour nous plonger dans cette part de magie ordinaire.
L’amas de formes géométriques rappelant des cristaux est entre autres formellement lié à des détails architecturaux de l’église Saint-Joachim, tout particulièrement ses vitraux. Comme si c’était une formation géologique tridimensionnelle des vitraux en aplat. Les cristaux émergent du sol et grimpent vers le ciel. Des panneaux sont insérés dans plusieurs des espaces entre les arêtes cylindriques. Les motifs aux teintes bleutées sont quant à eux directement inspirés de détails de toiles d’Arthur Villeneuve. Ils sont une sorte de réinterprétation de différents aspects de son oeuvre. Le mouvement et les couleurs renvoient également à l’omniprésence de la rivière dans son corpus. De l’autre côté de l’installation, les billots de bois verticaux qu’on retrouve dans la cour intérieure sont remplacés par du granit rose, comme celui avec lequel les murs extérieurs de l’église Saint-Joachim avaient été fabriqués. Avec des hauteur et diamètre variables, chacun des sommets a été tranché en angle pour créer une surface ovale. Un autre clin d’oeil direct à l’aménagement de la cour intérieure.
Sur ces biseaux, des dessins reprennent la décomposition de la lumière blanche en couleurs, mais au lieu d’un dégradé lisse, les formes angulaires proviennent d’une portion de l’empierrement des façades de la même église. L’esthétique est en parfaite continuité avec la « continuance » de Villeneuve. Dans un désir de réenchantement, les deux ensembles sculpturaux fantaisistes jouent ainsi avec la lumière par le prisme ludique de l’enfance dans une infinité de strates d’interprétation possible, commandé par la capacité d’émerveillement et d’imaginaire du regardeur.